ISABELLE GAUVREAU

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Mon premier médium est le dessin sur différents papiers. Les matériaux utilisées sont le fusain, le charcoal, la craie pastelle, le crayon à mine, l’encre de Chine noire et de couleur, la feuille d’or, les collages de papiers fins et dentelles et les monotypes (estampes à main levée). À partir du dessin, un médium plus direct plus brut, je construis les oeuvres autour du corps de la femme, mais je ne voulais pas en rester qu’au dessin. J’ai choisi d’ajouter différents médiums comme les encres et les collages. Je fais un travail de superposition.
Ma thématique principale est le corps féminin et ce qui touche à la féminité. Le corps représente pour moi une humanité. Chaque position du corps exprime des émotions particulières. Je deviens alors chorégraphe. J’ai choisi d’oeuvrer autour du corps de la femme parce que je m’y associe plus facilement ; C’est un sujet que je connais. Je choisi une approche intimiste. Je m’inspire de mes expériences de vie, les expériences de mon corps, de mes peurs, de mes perceptions, de mes préoccupations… Pour nous les femmes, nos expériences vécues ne sont jamais très loin de notre corps: l’adolescence, la sexualité, l’intimité, la maladie, la maternité, … Dans mes oeuvres, la femme n’est plus uniquement muse, elle est humaine et communique un sentiment plus profond et vrai. Il est temps d'enrichir l'image de la femme et de lui donner une voix propre à elle. , en tant qu'artiste je veux contribuer à cela.
J’explore la difficulté d’être femme, honnêtement et simplement. Je veux créer un contexte pour parler du corps. Le processus est direct, le corps passe du personnel vers la collectivité: les guerres, les enjeux sociaux de femmes, la perception de sois même, la sensibilité, la compassion humaine, la marginalité, le traitement corporel… Je crois que l’on s’est éloigné de la véritable image du corps : les changements physiques, la grosseur, les cicatrices, les rides, …
J’ai été influencée par certaines artistes. Elles ont tous une chose en commun, leur approche personnelle. Leur travail était tellement près d’elles, il s’agissait pour elles d’une façon d’extérioriser ou de guérir. Louise Bourgeois; toute sa vie est dans ses oeuvres, des petites histoires anecdotiques surtout reliées à sa mère. Frida Khalo; elle exprime son mal physique, moral et intellectuel par la peinture. Betty Goodwin; elle dessine sur papier mylar des personnages de son quotidien, directement lié à sa vie affective. Elles expriment leur vécu. Comme spectateur et comme artiste, je veux que mon oeuvre touche. Il faut que l’oeuvre me fasse vivre des émotions.
photographie_photography par_by Sébastien Lavallée / sebastienlavallee.com